Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/215

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puissance d’une grande république et de la sécurité d’une petite.

Je trouve la deuxième dans les institutions communales qui, modérant le despotisme de la majorité, donnent en même temps au peuple le goût de la liberté et l’art d’être libre.

La troisième se rencontre dans la constitution du pouvoir judiciaire. J’ai montré combien les tribunaux servent à corriger les écarts de la démocratie, et comment, sans jamais pouvoir arrêter les mouvements de la majorité, ils parviennent à les ralentir et à les diriger.


de l’influence des mœurs sur le maintien de la république démocratique aux états-unis.

J’ai dit plus haut que je considérais les mœurs comme l’une des grandes causes générales auxquelles on peut attribuer le maintien de la république démocratique aux États-Unis.

J’entends ici l’expression de mœurs dans le sens qu’attachaient les Anciens au mot mores ; non seulement je l’applique aux mœurs proprement dites, qu’on pourrait appeler les habitudes du cœur, mais aux différentes notions que possèdent les hommes, aux diverses opinions qui ont cours au milieu d’eux, et à l’ensemble des idées dont se forment les habitudes de l’esprit.

Je comprends donc sous ce mot tout l’état moral et