Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/427

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pour connaître et apprécier les besoins des premiers, pour lier avec ces peuples des relations permanentes et s’emparer graduellement de leur marché. Le commerçant des États-Unis ne pourrait perdre ces avantages naturels que s’il était fort inférieur au commerçant d’Europe, et il lui est au contraire supérieur en plusieurs points. Les Américains des États-Unis exercent déjà une grande influence morale sur tous les peuples du nouveau monde. C’est d’eux que part la lumière. Toutes les nations qui habitent sur le même continent sont déjà habituées à les considérer comme les rejetons les plus éclairés, les plus puissants et les plus riches de la grande famille américaine. Ils tournent donc sans cesse vers l’Union leurs regards, et ils s’assimilent, autant que cela est en leur pouvoir, aux peuples qui la composent. Chaque jour ils viennent puiser aux États-Unis des doctrines politiques et y emprunter des lois.

Les Américains des États-Unis se trouvent vis-à-vis des peuples de l’Amérique du Sud précisément dans la même situation que leurs pères les Anglais vis-à-vis des Italiens, des Espagnols, des Portugais et de tous ceux des peuples de l’Europe qui, étant moins avancés en civilisation et en industrie, reçoivent de leurs mains la plupart des objets de consommation.

L’Angleterre est aujourd’hui le foyer naturel du commerce de presque toutes les nations qui l’approchent ; l’Union américaine est appelée à remplir le même rôle dans l’autre hémisphère. Chaque peuple qui naît ou qui grandit dans le nouveau monde, y naît donc