Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/60

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À mesure, au contraire, qu’on descend vers le midi, dans les États où le lien social est moins ancien et moins fort, où l’instruction s’est moins répandue, et où les principes de la morale, de la religion et de la liberté se sont combinés d’une manière moins heureuse, on aperçoit que les talents et les vertus deviennent de plus en plus rares parmi les gouvernants.

Lorsqu’on pénètre enfin dans les nouveaux États du Sud-Ouest, où le corps social, formé d’hier, ne présente encore qu’une agglomération d’aventuriers ou de spéculateurs, on est confondu de voir en quelles mains la puissance publique est remise, et l’on se demande par quelle force indépendante de la législation et des hommes, l’État peut y croître et la société y prospérer.

Il y a certaines lois dont la nature est démocratique et qui réussissent cependant à corriger en partie ces instincts dangereux de la démocratie.

Lorsque vous entrez dans la salle des représentants à Washington, vous vous sentez frappé de l’aspect vulgaire de cette grande assemblée. L’œil cherche souvent en vain dans son sein un homme célèbre. Presque tous ses membres sont des personnages obscurs, dont le nom ne fournit aucune image à la pensée. Ce sont, pour la plupart, des avocats de village, des commerçants, ou même des hommes appartenant aux dernières classes. Dans un pays où l’instruction est presque universellement répandue, on dit que les représentants du peuple ne savent pas toujours correctement écrire.

À deux pas de là s’ouvre la salle du Sénat, dont l’étroite