Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/85

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Il est vrai que la démocratie donne à peine de quoi vivre honnêtement à ceux qui la gouvernent, mais elle dépense des sommes énormes pour secourir les besoins ou faciliter les jouissances du peuple[1]. Voilà un emploi meilleur du produit de l’impôt, non une économie.

En général, la démocratie donne peu aux gouvernants et beaucoup aux gouvernés. Le contraire se voit dans les aristocraties où l’argent de l’État profite surtout à la classe qui mène les affaires.


difficulté de discerner les causes qui portent le gouvernement américain a l’économie.

Celui qui recherche dans les faits l’influence réelle qu’exercent les lois sur le sort de l’humanité, est exposé à de grandes méprises, car il n’y a rien de si difficile à apprécier qu’un fait.

Un peuple est naturellement léger et enthousiaste ; un autre réfléchi et calculateur. Ceci tient à sa constitution physique elle-même ou à des causes éloignées que j’ignore.

On voit des peuples qui aiment la représentation, le

  1. Voyez entre autres, dans les budgets américains, ce qu’il en coûte pour l’entretien des indigents et pour l’instruction gratuite.

    En 1831, on a dépensé dans l’État de New York, pour le soutien des indigents, la somme de 1,290,000 francs. Et la somme consacrée à l’instruction publique est estimée s’élever à 5,420,000 francs au moins.(Williams, New York annual register, 1832, pp. 205 et 243.)

    L’État de New York n’avait en 1830 que 1 900 000 habitants, ce qui ne forme pas le double de la population du département du Nord.