Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 2.djvu/86

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bruit et la joie, et qui ne regrettent pas un million dépensé en fumée. On en voit d’autres qui ne prisent que les plaisirs solitaires et qui semblent honteux de paraître contents.

Dans certains pays, on attache un grand prix à la beauté des édifices. Dans certains autres, on ne met aucune valeur aux objets d’art, et l’on méprise ce qui ne rapporte rien. Il en est enfin où l’on aime la renommée, et d’autres où l’on place avant tout l’argent.

Indépendamment des lois, toutes ces causes influent d’une manière très puissante sur la conduite des finances de l’État.

S’il n’est jamais arrivé aux Américains de dépenser l’argent du peuple en fêtes publiques, ce n’est point seulement parce que, chez eux, le peuple vote l’impôt, C’est parce que le peuple n’aime pas à se réjouir.

S’ils repoussent les ornements de leur architecture et ne prisent que les avantages matériels et positifs, ce n’est pas seulement parce qu’ils forment une nation démocratique, C’est aussi parce qu’ils sont un peuple commerçant.

Les habitudes de la vie privée se sont continuées dans la vie publique ; et il faut bien distinguer chez eux les économies qui dépendent des institutions, de celles qui découlent des habitudes et des mœurs.

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