Dans les siècles de foi, on place le but final de la vie après la vie.
Les hommes de ces temps-là s’accoutument donc naturellement, et, pour ainsi dire, sans le vouloir, à considérer pendant une longue suite d’années, un objet immobile vers lequel ils marchent sans cesse, et ils apprennent, par des progrès insensibles, à réprimer mille petits désirs passagers, pour mieux arriver à satisfaire ce grand et permanent désir qui les tourmente. Lorsque les mêmes hommes veulent s’occuper des choses de la terre, ces habitudes se retrouvent. Ils fixent volontiers à leurs actions d’ici bas un but général et certain, vers lequel tous leurs efforts se dirigent. On ne les voit point se livrer chaque jour à des tentatives nouvelles ; mais ils ont des desseins arrêtés qu’ils ne se lassent point de poursuivre.
Ceci explique pourquoi les peuples religieux ont sou-