Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 7.djvu/14

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trente années. Elle n’a pas voulu, sans doute, que ces lettres, les plus belles assurément qu’il ait écrites et les plus capables de révéler ce qu’il y avait de cœur dans ce grand esprit ; que cette foule de pensées élevées et de sentiments généreux dont sa correspondance intime abonde ; que tous ces jugements de chaque jour portés sur les hommes et sur les choses, dont elle recevait la confidence ; elle n’a pas voulu que tous ces trésors d’intelligence et de passion, accumulés dans ses lettres, fussent perdus pour le public ; et elle nous en a confié le dépôt, en nous laissant juge du moment opportun à choisir et des convenances à observer pour leur publication. Ses intentions seront remplies.

Elle nous a confié un autre mandat, celui d’achever cette édition des œuvres complètes de son mari, que nous avions commencée sous sa direction, et que nous avions le bonheur d’exécuter sous ses yeux. Elle avait prévu qu’elle n’en verrait point la fin ; et, avant de mourir, elle avait, avec une grande prudence et une rare fermeté d’esprit, tout disposé pour que son œuvre ne fût point interrompue. Aucune de ses prévisions ne sera déçue. Sa noble entreprise sera continuée et fidèlement accomplie, nous osons le promettre, sous les auspices de sa pieuse volonté et de son impérissable souveuir.

Beaumont, !e 10 juin 1865.

GUSTAVE DE BEAUMONT.