Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/17

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Ne croirait-on pas que ces lignes ont été écrites d’hier ?

En même temps qu’il peignait les maux qu’entraîne un système d’indulgence excessive, Tocqueville signalait l’injustice et les périls d’une politique implacable et inhumaine.

Mais où est le point entre la fermeté unie à la justice, nécessaires pour tenir les indigènes dans l’obéissance, et la générosité impolitique qui leur mettrait les armes à la main ? Dans quelle mesure le conquérant doit-il user de sa force pour ne pas être oppresseur ? et de l’indulgence, pour ne pas perdre son prestige et sa propre dignité ? À quel moment sa puissance devient-elle tyrannie, et sa condescendance faiblesse aux yeux de ces peuples qui cesseront de lui être soumis le jour où ils cesseront de la craindre ?

C’est ce point délicat que Tocqueville s’était appliqué à chercher et à montrer dans le rapport du 2 mai, qui fut soumis à l’épreuve d’une longue et solennelle discussion, et qui, quoique opposé aux vues du ministère et concluant au rejet de l’un des projets de loi présentés, trouva dans la majorité des deux Chambres la plus vive approbation et reçut bientôt l’assentiment du gouvernement lui-même.

La préface mise en tête du tome Ier, et dans laquelle se trouve exposée toute l’économie du tome IX, nous dispense de donner ici aucune explication sur les diverses matières dont ce volume se compose. Nous ajouterons seulement à ce qui précède une simple observa-