sur les sociétés humaines, que le rapport nécessaire qui unit les grands mouvements intellectuels aux grands mouvements politiques, les chefs des nations ne semblent jamais l’apercevoir que quand on le leur met sous les yeux. Comme les cas où cette loi générale se manifeste ne se reproduisent que de loin en loin, les princes et les hommes d’État oublient volontiers qu’elle existe ; au bout d’un certain temps ils se persuadent qu’elle n’a jamais été promulguée, ou du moins qu’elle est tombée en désuétude ; et quand Dieu la leur applique enfin, ils sont presque toujours aussi surpris que s’il n’en avait jamais fait usage envers leurs devanciers.
Tant qu’on ne considère que d’une manière abstraite les choses humaines et qu’on ne s’occupe qu’à discuter en général les notions du bien et du mal, du vrai et du faux, du juste et de l’injuste, ils ne voient là que des amusements d’oisifs, des plaisirs de rêveurs. Ils ne s’aperçoivent point que ces idées, qui leur paraissent si séparées des actes, sont au corps social ce que le principe vital lui-même est au corps humain ; cette force centrale et occulte qu’on ne peut définir, qu’on ne saurait voir, mais qu’on découvre dans le jeu des organes, qui tous se troublent ou se décomposent dès qu’elle s’altère.
Le principe vital de l’ancienne monarchie ayant donc été atteint, la grande révolution sociale de 89 commença.
On avait été presque unanime dans le désir d’amener cette révolution. En sa présence on se divisa.
M. de Cessac resta avec ceux qui, après l’avoir pré-