colons ont profilé, il est vrai, de l’esclavage ; mais ce n’est pas eux qui l’ont établi : la métropole a, pendant plus de deux cents ans, favorisé de tout son pouvoir les développements de cette institution détestable, et c’est elle qui a inspiré à nos compatriotes d’outre-mer les préjugés dont maintenant l’impression nous étonne et nous irrite.
Les injures et souvent les calomnies que les colons adressent ou font adresser tous les jours à tant d’bommes honorables ne doivent pas nous empêcher de voir ce qu’il y a de juste dans leurs demandes et de fondé dans leurs griefs.
La commission, examinant cette portion du sujet, n’a pas hésité à reconnaître que, si la métropole devait aux esclaves des colonies la liberté, elle devait aux colons plusieurs garanties qu’elle a résumées de cette manière :
D’abord un délai suffisant pour que les propriétaires coloniaux se préparent à subir la révolution qu’on a en vue et se procurent de quoi faire face aux nouveaux frais que la production du sucre par des mains libres doit leur occasionner.
Une de nos colonies vient d’éprouver un désastre immense ; il faut lui donner le temps de le réparer.
En ce moment d’ailleurs la propriété coloniale est partout obérée ; on pourrait presque dire qu’elle n’existe pas, car la plupart des colons ayant plus de dettes que de biens, nul ne sait précisément à qui appartiennent en réalité les terres qu’ils cultivent ; il n’y a que l’introduction dans les colonies de l’expropriation forcée qui puisse amener la fin de ce désordre, liquider les fortunes et faire apparaître les propriétaires véritables. Alors seulement les colons possédant un capital ou un crédit pourront faire les avances que nécessitera la substitution du travail salarié au travail gratuit.
Un projet de loi ayant pour objet d’introduire l’expropriation forcée dans les Antilles est soumis eu ce moment à l’examen des chambres, et sera vraisemblablement adopté l’an prochain. Il est bon de laisser la nouvelle loi d’expropriation opérer pendant un certain temps avant d’abolir définitivement l’esclavage.
La seconde garantie que les colons, suivant la commission, ont le droit de demander à la mère-patrie, c’est un prix rémunérateur pour leurs sucres. L’émancipation, en effet, avec quelque ménagement qu’elle soit conduite, entraînera nécessairement, comme le dit