Page:Tocqueville - Œuvres complètes, édition 1866, volume 9.djvu/329

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autant qu’aux imperfections du système, sont attribués par les inspecteurs et les directeurs les vices qui règnent dans ces maisons, et tous signalent qu’il est urgent de travailler à diminuer graduellement l’étendue du mal, en multipliant le nombre des établissements.

Enfin, il a été prouvé à la Commission, par les documents que M. le ministre de l’intérieur lui a fournis, qu’en encombrant ainsi, au préjudice de la santé des détenus et de leur réforme, nos maisons centrales, on ne pouvait plus suffire à y placer tous les condamnés qui doivent, aux termes de leur arrêt, y être envoyés. Ainsi, en admettant même qu’on laisse subsister nos prisons actuelles et le système qui les régit, il est hors de doute que l’État va être obligé d’en bâtir de nouvelles.

Si l’État est forcé à bâtir un nombre assez considérable de prisons nouvelles, il est évident qu’il lui faut se fixer d’avance sur le régime à suivre dans ces prisons ; car le plan d’une prison et le régime qu’il convient d’appliquer aux détenus qu’elle doit renfermer, sont deux choses corrélatives et qu’on ne saurait envisager à part.

Le moment est donc arrivé de prononcer et de choisir entre les différents systèmes d’emprisonnement celui qui paraîtra le plus efficace.

Le gouvernement a pensé que c’est le système cellulaire qui doit être préféré.

La Chambre doit-elle penser de même ? C’est ce qui reste à examiner.

Les différents systèmes d’emprisonnement qui ont été, depuis vingt ans, préconisés ou adoptés tant en Amérique qu’en Europe, peuvent tous se réduire à deux[1].

Le premier consiste à renfermer, pendant la nuit, les condamnés chacun dans une cellule, et, pendant le jour, à les faire travailler en commun, mais en silence.

Le second sépare absolument les condamnés les uns des autres, pendant le jour aussi bien que pendant la unit. On pourrait l’appeler le système de l’emprisonnement individuel.

  1. La Commission a cru devoir se faire une loi ne prendre pour base de son examen que ceux d’entre les systèmes d’emprisonnement dont l’expérience avait déjà pu manifester les inconvénients et les avantages.