lequel elles avaient été faites, c’est par tous ces moyens détournés, par cette savante et patiente industrie que le gouvernement a enfin repris plus d’action, plus d’activité et d’influence qu’il n’en avait peut-être jamais eu en France en aucun temps.
Voilà, messieurs, ce que le gouvernement a fait, ce qu’en particulier le ministère actuel a fait. Et pensez-vous, messieurs, que cette manière, que j’ai appelée tout à l’heure détournée et subreptice, de regagner peu à peu la puissance, de la prendre en quelque sorte par surprise, en se servant d’autres moyens que ceux que la constitution lui avait donnés ; croyez-vous que ce spectacle étrange de l’adresse et du savoir-faire, donné publiquement pendant plusieurs années, sur un si vaste théâtre, à toute une nation qui le regarde, croyez-vous qu’un tel spectacle ait été de nature à améliorer les mœurs publiques ?
Pour moi, je suis profondément convaincu du contraire ; je ne veux pas prêter à mes adversaires des motifs déshonnêtes qu’ils n’auraient pas eus ; j’admettrai, si l’on veut, qu’en se servant des moyens que je blâme, ils ont cru se livrer à un mal nécessaire ; que la grandeur du but leur a caché le danger et l’immoralité du moyen. Je veux croire cela ; mais les moyens en ont-ils été moins dangereux ? Ils croient que la révolution qui s’est opérée depuis quinze ans dans les droits du pouvoir était nécessaire, soit ; et ils ne l’ont pas fait par un intérêt particulier : je le veux croire ; mais il n’est pas moins vrai qu’ils l’ont opérée par des moyens que la moralité publique désavoue ; il n’est pas moins vrai qu’il l’ont opérée en prenant les hommes non par leur côté honnête, mais par leur mauvais côté, par leurs passions, par leur faiblesse, par leur intérêt, souvent par leurs vices. (Mouvement.) C’est ainsi que tout en voulant peut-être un but honnête, ils ont fait des choses qui ne l’étaient pas. Et, pour faire ces choses, il leur a fallu appeler à leur aide, honorer de leur faveur, introduire dans leur compagnie