Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol8.djvu/376

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yeux, et tout en marchant, on lui disait des allégories sur la difficulté de son voyage, sur l’amitié sainte, sur l’éternel Constructeur du monde, sur le courage avec lequel il devait supporter les travaux et les dangers. Pendant ce trajet, Pierre remarqua qu’on l’appelait tantôt « celui qui cherche », tantôt « celui qui souffre », tantôt « celui qui demande », et chaque fois en frappant de façon différente avec les marteaux et les épées. Pendant qu’on le dirigeait vers un objet il remarqua chez ses guides un trouble et une gêne quelconques. Il entendit les personnes qui l’entouraient discuter en chuchotant, et l’une d’elles insistait pour qu’il passât sur un tapis quelconque.

Après, on prit sa main droite, qu’on appuya sur quelque chose, on lui ordonna de porter la main gauche à sa poitrine, et de prononcer le serment de fidélité aux lois de l’ordre en répétant les paroles que lisait quelqu’un.

Ensuite on éteignit les bougies et l’on alluma de l’alcool, ce que Pierre reconnut à l’odeur, et on le prévint qu’il allait voir une petite lumière.

On lui ôta son bandeau. Pierre aperçut comme en un rêve, à la lumière pâle de l’alcool, quelques personnes, en tablier pareil à celui du rhéteur, qui, en face de lui, tenaient des épées dirigées contre sa poitrine. Parmi eux se trouvait un homme dans une chemise blanche ensanglantée. À cette vue, Pierre s’élança vers les épées, avec le désir