Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/149

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écoutait chaque mot sur le récit de Moïse, sur Amalech et Gédéon, sur les Madianites, sur David et Goliath, sur la ruine du temple de Jérusalem. Elle priait avec cette douceur et cette tendresse dont son cœur était plein, mais elle ne comprit pas bien pour qui était cette prière. De toute son âme elle priait Dieu de lui donner un esprit pur, d’affermir son cœur par la foi, l’espoir et de l’animer d’amour. Mais elle ne pouvait prier pour l’écrasement des ennemis, parce que, quelques minutes avant cela, elle ne désirait qu’en avoir davantage afin de prier pour eux. Mais elle ne pouvait non plus douter de l’équité de la prière qu’on avait lue à genoux. Elle sentit en son âme un effroi plein de recueillement devant le châtiment qui attend les hommes pour leurs péchés et surtout celui qui l’attendait pour les siens ; elle priait Dieu de pardonner à tous ainsi qu’à elle et de donner aux autres et à elle le calme et le bonheur en ce monde. Il lui semblait que Dieu entendait sa prière.