Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/346

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Qui s’excuse… s’accuse, dit Julie en souriant et secouant la charpie, et pour avoir le dernier mot, elle changea aussitôt de conversation.

— Qu’ai-je appris aujourd’hui : cette pauvre Marie Bolkonskï est arrivée hier à Moscou. Vous savez qu’elle a perdu son père ?

— Vraiment ! Où est-elle ? Je désirerais beaucoup la voir, dit Pierre.

— Hier, j’ai passé la soirée avec elle. Aujourd’hui ou demain elle part avec son neveu dans leur domaine, près de Moscou.

— Eh bien ! Comment va-t-elle ? dit Pierre.

— Bien triste. Et savez-vous qui l’a sauvée ? C’est un roman ! Nicolas Rostov. On la cernait, on voulait la tuer, on a blessé ses domestiques. Il arrive, se précipite et la sauve…

— Encore un roman ! dit le milicien. Décidément c’est une fuite générale ! Toutes les vieilles filles se marient : Catiche, une, la princesse Bolkonskï, deux.

— Vous savez, je crois en effet qu’elle est un petit peu amoureuse du jeune homme.

— Une amende ! une amende ! une amende !

— Mais comment dire cela en russe ?