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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/365

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après la bataille de Gridniévo, et que les chefs russes n’avaient pas voulu ou pu commencer la bataille décisive le soir du 24, alors l’action première et principale de la bataille de Borodino était perdue dès le 24 et entraînait forcément à la perte du combat livré le 26.

Après la prise de la redoute de Schévardine, le matin du 25, nous restions ouverts au flanc gauche et mis en demeure d’aligner notre aile gauche et de la fortifier à la hâte, n’importe comment.

Mais que le 26 les troupes russes ne soient protégées que par des fortifications insuffisantes, inachevées, c’est peu : l’incommodité de cette situation s’augmente encore par ce que les chefs russes, n’acceptant pas comme un fait définitivement accompli la perte de la position du flanc gauche et le déplacement de tout le champ de la bataille future, de droite à gauche, restent dans leur position éloignée du village Novoié jusqu’à Outitza et, grâce à cela, pendant le combat, ils doivent déplacer leurs troupes de droite à gauche. Ainsi, pendant toute la bataille, les Russes avancent contre toute l’armée française, alors qu’à notre aile gauche les forces sont dix fois plus faibles (l’action Poniatovsky, contre Outitza et Ouvarovo, au flanc droit des Français, était indépendante de la marche générale de la bataille). Ainsi la bataille de Borodino n’eut pas du tout lieu comme on l’a écrit en tâchant de cacher les fautes de nos chefs et en diminuant,