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XX

Le matin du 25, Pierre partit de Mojaïsk. Sur la côte raide de la colline qui montait à la ville, devant la cathédrale, sise sur la hauteur, à droite et où le carillon annonçait le service, Pierre descendit de voiture et alla à pied. Derrière lui descendait un régiment de cavalerie, les chanteurs en avant ; en face montait un convoi de chariots avec des blessés du combat de la veille. Les postillons, des paysans, criaient après les chevaux et les fouettaient en courant d’un côté sur l’autre. Les chariots, dans chacun desquels étaient couchés ou assis trois ou quatre soldats blessés, sautaient sur les pierres qui tapissaient la pente raide. Les blessés, bandés, pâles, les lèvres serrées, les sourcils froncés, se cramponnaient aux bords et se heurtaient dans les chariots. Presque tous, avec une curiosité enfantine, naïve, regardaient le bonnet blanc et le frac vert de Pierre. Le cocher de Pierre