Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/374

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XXI

Pierre sortit de la voiture et devant les miliciens qui travaillaient gravit ce mamelon d’où, selon le docteur, on voyait le champ de bataille.

Il était onze heures du matin. Le soleil un peu à gauche et derrière Pierre, à travers l’air rare et pur, éclairait vivement un énorme panorama qui s’ouvrait devant Pierre comme un amphithéâtre.

En haut et à gauche, déchiquetant cet amphithéâtre, glissait la grande route de Smolensk qui traversait le village à l’église blanche, sis à cinq cents pas en avant du mamelon et au-dessous de lui. (C’était Borodino.) La route, au delà du village, traversait un pont et serpentait plus haut et plus haut, vers le village Vallouïevo qu’on apercevait à une distance de six verstes. (Napoléon était maintenant dans ce village.) Derrière Vallouïevo, la route disparaissait dans la forêt qui jaunissait