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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/375

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l’horizon. Dans cette forêt de bouleaux et de sapins, à droite de la route, brillait sous le soleil la croix lointaine et le clocher du couvent de Kolotzki. Parmi tout ce lointain bleuâtre, à droite et à gauche de la forêt et de la route, en divers endroits, on voyait les bûchers fumants et les masses vagues de nos troupes et celles des ennemis. À droite, le long des rivières Kolotcha et Moscova, le pays était creux et accidenté. Dans un creux, au loin, on voyait les villages Bezoubovo et Zakharino. À gauche, le pays était plus régulier, avec des champs de blé : le village Séméonovskoié s’y montrait.

Tout ce que Pierre voyait à droite et à gauche était si vague que nulle part il ne trouvait à satisfaire complètement son imagination. Nulle part il ne voyait ce champ de bataille qu’il s’attendait à voir, mais des champs, des plaines, des troupes, des forêts, des fermes, des bûchers, des villages, des mamelons, des ruisseaux, et Pierre avait beau regarder, il ne pouvait trouver dans ce paysage la position, et ne pouvait même distinguer nos troupes de celles de l’ennemi.

« Il faut s’informer près de quelqu’un qui s’y connaît », pensa-t-il ; et il s’adressa à un officier qui regardait avec curiosité son énorme personne, point martiale.

— Permettez-moi de vous demander quel village est là-bas, devant nous ?

— Bourdino. Je ne sais pas où, quoi ? dit l’offi-