Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/386

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— Comment est-il ici ? demanda Pierre.

— C’est une telle canaille qu’il passe partout, répondit-on à Pierre. Il est dégradé : maintenant il lui faut se faire valoir. Il a donné des projets quelconques et, pendant la nuit, il est allé dans la ligne de l’ennemi. Mais il est brave !…

Pierre se découvrit et s’inclina respectueusement devant Koutouzov.

— J’ai pensé que si j’exposais ce projet à Votre Excellence, vous pourriez me chasser ou dire que vous savez déjà ce que je vous raconte, tant que ce soit humiliant pour moi, disait Dolokhov.

— C’est ça. C’est ça.

— Et si j’ai raison, alors je suis utile à la patrie pour laquelle je suis prêt à mourir.

— C’est ça. C’est ça…

— Et si Votre Excellence a besoin d’un homme qui ne marchande pas sa peau, veuillez vous souvenir de moi… Je serai peut-être utile à Votre Excellence.

— C’est ça, c’est ça ! répétait Koutouzov en regardant Bezoukhov d’un œil rieur.

À ce moment, Boris, avec son habileté de courtisan, s’avança à côté de Pierre, à proximité du chef et, de l’air le plus naturel, pas haut, comme s’il continuait une conversation, il dit à Pierre :

— Les miliciens ont mis tout simplement des chemises blanches propres pour se préparer à la mort. Quel héroïsme, comte !

Boris disait cela à Pierre, évidemment pour être