Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/481

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Volsogen voulut dire quelque chose, mais Koutouzov l’interrompit.

— L’ennemi est repoussé au flanc gauche et vaincu au flanc droit. Si vous avez mal vu, monsieur, ne vous permettez pas de dire ce que vous ne savez pas. Veuillez aller chez le général Barclay et lui transmettre pour demain mon ordre absolu d’attaquer l’ennemi, dit sévèrement Koutouzov.

Tous se taisaient et l’on n’entendait que la respiration haletante du vieux général.

— Ils sont repoussés partout, j’en remercie Dieu et notre vaillante armée. L’ennemi est vaincu, et demain nous le chasserons de notre sainte Russie ! dit Koutouzov en se signant ; et, tout à coup, il sanglota.

Volsogen haussa les épaules, fit une grimace, et, sans mot dire, s’écarta sur le côté, étonné ueber diese Eingenommenheit des alten Herrn[1].

— Ah ! le voilà, mon héros ! dit Koutouzov au général, beau, assez gros, à la chevelure noire, qui, à ce moment, montait sur le mamelon. C’était Raïevsky qui, toute la journée, était resté au point principal du champ de Borodino.

Raïevsky rapportait que les troupes se tenaient fermes dans leurs positions et que les Français n’osaient plus les attaquer.

Après l’avoir écouté, Koutouzov dit :

  1. De l’obstination du vieux monsieur.