Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol10.djvu/89

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seigneuriale au bord même du fleuve. Ni Benigsen, ni l’empereur ne se trouvaient là. Mais Tchernichov, l’aide de camp de l’empereur reçut Bolkonskï et lui apprit que l’empereur était allé avec le général Benigsen et le marquis Paulucci faire, pour la deuxième fois en ce jour, le tour des fortifications du camp de Drissa dont on commençait à suspecter fortement la supériorité.

Tchernichov assis près de la fenêtre de la première chambre, lisait un roman français. Cette chambre autrefois avait été probablement un salon ; il y avait encore un harmonium sur lequel étaient jetés des tapis quelconques, et, dans un coin, était placé le lit pliant de l’aide de camp de Benigsen. L’aide de camp se trouvait là. Évidemment harassé par le souper ou le travail, il était assis sur le lit plié et sommeillait. La salle avait deux portes : l’une donnant directement dans l’ancien salon, l’autre à droite dans le cabinet de travail. De la première on entendait des voix qui causaient en allemand, et de temps en temps en français. Là-bas, dans l’ancien salon, selon le désir de l’empereur, était réuni, non le Conseil supérieur de la guerre (l’empereur aimait le vague), mais quelques personnes dont il voulait connaître l’opinion dans les difficultés présentes. Ce n’était pas un conseil militaire, mais la réunion de quelques élus pour expliquer personnellement certaines questions à l’empereur. À ce demi-conseil étaient conviés : le