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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/117

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Le visage de Natacha, penché à la portière, brillait d’une tendresse moqueuse.

— Piotr Kyrilovitch, venez donc ! Nous vous avons reconnu. C’est étonnant ! cria-t-elle en lui tendant la main. Comment ! Pourquoi êtes-vous ainsi ? c’est vous !

Pierre prit la main tendue et, en marchant (la voiture continuait d’avancer), la baisait gauchement.

— Qu’avez-vous, comte ? demanda la comtesse d’une voix étonnée et compatissante.

— Qui ? Pourquoi ? Ne me le demandez pas, dit Pierre ; il se tourna vers Natacha dont le regard joyeux et brillant (il le sentait sans le voir) l’attirait par son charme.

— Quoi ? Est-ce que vous restez à Moscou ?

Pierre se tut un moment.

— À Moscou ? Oui, à Moscou, fit-il. Adieu.

— Ah ! je voudrais être un homme ! Alors je resterais avec vous. Ah ! comme c’est bien ! dit Natacha. Maman, permettez-moi de rester !

Pierre regarda distraitement Natacha et voulut dire quelque chose. Mais la comtesse l’interrompit :

— Nous avons appris que vous étiez à la bataille ?

— Oui, répondit Pierre. Demain, il y aura une nouvelle bataille… commença-t-il.

Mais Natacha l’interrompit :