Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/151

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— T’as trouvé ça tout seul ! Écoute ce qu’on dit.

Les questions et les réponses se croisaient.

Le débitant, profitant du grossissement de la foule, se mit à l’écart et retourna à son débit.

Le grand garçon, sans remarquer le départ de son adversaire, parlait sans cesse, en agitant son bras nu, et attirait à soi l’attention générale.

C’était lui que le peuple entourait, supposant en obtenir la solution de toutes les questions qui l’occupaient.

— Qu’ils montrent l’ordre, la loi ! C’est pour ça qu’ils sont les chefs ! N’est-ce pas vrai, frères orthodoxes ! dit le grand garçon en souriant à peine.

— Ils pensent qu’il n’y a pas de chefs ? Peut-on se passer de chefs ? Autrement si on laisse piller…

— Assez de bêtises ! disait-on dans la foule. — Comment donc ! On abandonne Moscou ? — On l’a dit pour rire et tu l’as cru. — Combien y a-t-il d’armées en marche ? — On les laisserait comme ça ? — C’est pour ça qu’ils sont les chefs, — Écoute, voilà ce qu’on dit. Et l’on désignait le grand garçon. Près du mur de la cité, un autre petit groupe de gens entourait un homme en capote de frise qui tenait à la main un papier.

— On lit un ukase ! On lit un ukase ! cria-t-on dans la foule et tous se poussèrent vers le lecteur. L’homme en capote de frise lisait l’affiche du 31 août. Quand il se vit entouré de la foule il parut