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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/153

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rale fut attirée par la voiture du chef de police qui se montrait sur la place accompagnée de deux dragons à cheval.

Le chef de police qui, le matin, par ordre du comte, était allé brûler les bateaux et qui, pour ce fait, avait gagné une forte somme, — il l’avait en ce moment dans sa poche, — en apercevant une foule de gens qui s’avançait vers lui, ordonna au cocher de s’arrêter.

— Quelles sont ces gens-là ? cria-t-il aux hommes qui, isolément et timidement, s’approchaient de sa voiture. Qu’est-ce que cette foule, je vous le demande ? répéta le chef de police qui ne recevait pas de réponse.

— Votre seigneurie, dit l’homme en capote de frise. Votre seigneurie, suivant le décret du comte, ils veulent servir jusqu’à la mort et non faire une révolte. C’est dit de la part du comte.

— Le comte n’est pas parti. Il est ici et vous recevrez des ordres, dit le chef de police. — Va ! cria-t-il au cocher.

La foule s’arrêta autour de ceux qui avaient entendu les paroles du chef de police, et suivit des yeux la voiture qui s’éloignait.

Pendant ce temps le chef de police se retournait effrayé. Il dit quelque chose au cocher et la voiture s’éloigna encore plus vite.

— On nous trompe, camarades ! Allons chez lui-même ! cria le grand garçon. — Allons, enfants !