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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/264

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roles dites spontanément se trouvent être très spirituelles, et, à tout hasard, il avait prononcé les premiers mots qui lui étaient venus sur la langue : « Ce sera peut-être très bien, et si ça ne va pas bien, ils sauront l’arranger », avait-il pensé. En effet, pendant que s’établissait un silence gêné, il entrait un personnage insuffisamment patriotique qu’Anna Pavlovna attendait pour le convertir. En souriant à Hippolyte et le menaçant du doigt, elle invita le prince Vassili à venir près de la table, lui apporta deux bougies et le manuscrit et le pria de commencer. Tous se turent.

— « Le plus gracieux empereur ! » prononça sévèrement le prince Vassili en regardant l’assistance comme pour demander si personne n’avait d’objection à faire. Mais personne ne dit rien. « La ville principale, Moscou, la nouvelle Jérusalem reçoit son Christ ! — Il accentua spontanément le mot son — La mère dans les bras de ses fils fidèles, à travers les ténèbres qui se répandent, en prévoyant la gloire brillante de ta puissance, chante, ravie : Seigneur ! Sois béni ! »

Le prince Vassili prononça ces dernières paroles d’une voix geignarde.

Bilibine examinait attentivement ses ongles ; plusieurs étaient timides, ils semblaient se demander en quoi ils étaient coupables ? Anna Pavlovna répétait à l’avance, en chuchotant comme les vieilles femmes répètent les prières de la commu-