tants que les intérêts généraux : les premiers empêchent de sentir et de voir les seconds. La plupart des hommes de ce temps ne faisaient aucune attention à la marche générale des affaires et ne se guidaient que d’après leurs intérêts personnels immédiats, et c’est précisément ces gens qui étaient les acteurs les plus intéressants des événements d’alors.
Ceux qui ont essayé de comprendre la marche générale des affaires et qui, par le sacrifice et l’héroïsme, ont voulu y participer, étaient les membres les plus inintelligents de la société. Ils voyaient tout à l’envers et tout ce qu’ils faisaient pour être utiles n’était en réalité que bêtise inutile : comme les régiments de Pierre, de Mamonov, qui pillaient les villages russes, comme la charpie tirée par les dames et qui n’arrivait jamais jusqu’aux blessés, etc. Même ceux qui aimaient dire des choses spirituelles et, exprimant leurs sentiments, discutaient la situation présente de la Russie portaient, malgré eux, dans leurs discours le cachet de la feinte, du mensonge ou du blâme inutile et de la colère contre des hommes accusés d’actes dont personne n’était coupable.
Dans les événements historiques se dessine avec la plus grande clarté la défense de goûter le fruit du bon arbre. Seule l’activité inconsciente porte des fruits et l’homme qui joue un rôle dans les événements historiques n’en comprend jamais l’importance.