Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/447

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Derrière, sur le bord du fleuve et le pont Kamménï, marchaient les troupes et les convois de Ney.

Les troupes de Davoust, auxquelles appartenaient les prisonniers, traversaient Krimski-Brod et déjà entraient en partie dans la rue de Kalouga. Mais les fourgons s’alignaient de telle façon que les derniers fourgons de Beauharnais n’étaient pas encore sortis de Moscou sur la route Kalougskaïa que la tête des troupes de Ney sortait déjà de la grande Ordinka.

Ayant traversé Krimski-Brod, les prisonniers firent quelques pas en avant, s’arrêtèrent, puis de nouveau avancèrent, et de tous côtés voitures et hommes se pressèrent de plus en plus. Après plus d’une heure employée à franchir les quelques centaines de pas qui séparaient le pont de la rue Kalougskaïa, arrivés au croisement des rues Zamoskvoretskaïa et Kalougskaïa, les prisonniers, serrés en tas, s’arrêtèrent sur ce carrefour et y passèrent quelques heures. De tous côtés on entendait le bruit des roues incessant comme celui de la mer, les piétinements, les cris et les conversations animées. Pierre, debout, serré contre le mur d’une maison brûlée, écoutait ces bruits qui se confondaient dans son imagination avec celui des tambours.

Quelques officiers pressés, pour mieux voir, montaient sur le mur de la maison brûlée près de laquelle se trouvait Pierre.

— Que de gens ! que de gens !… même sur les