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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol11.djvu/97

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en parler au comte. Malgré toute la pitié inspirée par les blessés qui restaient là, il était évident que si l’on donnait un chariot, il n’y aurait pas de raison pour en refuser un second et ainsi de suite jusqu’au dernier, et même de donner les voitures des maîtres. Trente chariots ne pouvaient pas sauver tous les blessés et, dans la calamité générale, il était impossible de ne pas penser d’abord à soi et à sa famille.

C’est ce que pensait le majordome pour son maître.

Le comte Ilia Andréiévitch, éveillé le premier, le matin, sortit doucement de la chambre à coucher pour ne pas éveiller la comtesse qui ne s’était endormie que vers le matin. Les chariots liés étaient dans la cour, et les voitures près du perron. Le majordome était près du perron et causait avec un vieux brosseur et un jeune officier pâle, le bras en écharpe. Le majordome, en apercevant le comte, fit à l’officier et au brosseur un signe sévère pour qu’ils s’éloignassent.

— Eh bien ! Quoi, Vassilitch ! Tout est-il prêt ? demanda le comte en essuyant son crâne et regardant avec bonhomie l’officier et le brosseur qu’il salua de la tête. (Le comte aimait les nouvelles figures.)

— On peut atteler tout de suite, Votre Excellence.

— Eh bien ! C’est bon ! La comtesse s’éveillera,