Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/112

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fuyait de la Russie le plus vite possible, c’est-à-dire faisait ce que pouvait désirer chaque Russe. Pourquoi donc fallait-il faire diverses opérations contre les Français qui couraient aussi vite qu’ils pouvaient ? Deuxièmement, il était tout à fait dénué de sens de barrer la route aux hommes qui employaient toute leur énergie à fuir.

Troisièmement, il était tout à fait stupide de perdre nos troupes pour anéantir des armées françaises qui s’évanouissaient d’elles-mêmes, sans causes extérieures, en telle proportion que, sans mettre d’obstacle à leur route, elles ne pouvaient passer la frontière en plus grand nombre qu’elles la passèrent en décembre, c’est-à-dire réduites à un centième de toute l’armée.

Quatrièmement, le désir de capturer l’empereur, les rois et les ducs était insensé, la réalisation de ce désir eût entravé au plus haut degré les actions des Russes, ainsi que le reconnaissent les diplomates les plus habiles de ce temps (Joseph de Maistre, etc.). Encore plus insensé était le désir de capturer les troupes françaises quand nos propres troupes étaient réduites de moitié avant Krasnoié, quand, pour garder les prisonniers, il fallait les divisions de la garde et quand nos propres soldats ne recevaient pas toujours leur ration entière et que les prisonniers mouraient de faim.

Tous les plans savants pour cerner et capturer Napoléon et son armée étaient semblables à celui