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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/220

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est perdu, tandis que c’est alors seulement que commence la vie, nouvelle, bonne. Tant qu’il y a la vie c’est le bonheur, chacun en a beaucoup, beaucoup, devant soi, c’est moi qui vous le dis, fit-il s’adressant à Natacha.

— Oui, oui ! Moi aussi, je ne désirerais rien que de recommencer ma vie, dit-elle, répondant à une tout autre question.

Pierre la regarda attentivement.

— Oui et rien de plus, répéta-t-elle.

— Pas vrai ! Pas vrai ! s’écria Pierre. Je ne suis pas coupable d’être vivant, de vouloir vivre, ni vous non plus.

Tout à coup Natacha baissa la tête dans ses mains et se mit à pleurer.

— Qu’as-tu, Natacha ? lui demanda la princesse Marie.

— Rien, rien.

Elle sourit à Pierre à travers ses larmes.

— Au revoir, il est temps de dormir.

Pierre se leva et dit :

— Adieu.

La princesse Marie et Natacha se retrouvèrent comme toujours dans la chambre à coucher. Elles parlèrent de ce qu’avait raconté Pierre.

La princesse Marie n’exprima pas son opinion sur Pierre. Natacha non plus ne parla pas de lui.

— Eh bien ! Bonne nuit, Marie. Sais-tu, souvent