Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/295

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baisa la main de son père placée sous sa tête. Nicolas se retourna avec un sourire attendri sur le visage.

— Natacha ! Natacha ! appelait d’une voix contenue la comtesse Marie, derrière la porte. Père veut dormir.

— Non, maman, il ne veut pas dormir, répondit avec conviction la petite Natacha. Il rit.

Nicolas ôta ses jambes de dessus le divan et prit l’enfant dans ses bras.

— Entre, Macha, dit-il à sa femme.

La comtesse Marie entra dans la chambre et s’assit près de son mari.

— Je ne l’ai pas vue partir, dit-elle timidement.

Nicolas tenant d’une main la fillette regardait sa femme et, en remarquant l’expression coupable de son visage, de l’autre main il l’enlaça et lui baisa les cheveux.

— Peut-on embrasser maman ? demanda-t-il à Natacha.

L’enfant rit confuse.

— Encore ! fit-elle avec un geste impérieux en désignant la place où Nicolas avait embrassé sa femme.

— Je ne sais pas pourquoi tu penses que je suis de mauvaise humeur, dit Nicolas en réponse à la question qu’il savait être en l’âme de sa femme.

— Tu ne peux t’imaginer comme je suis malheureuse quand tu es ainsi. Il me semble toujours…