Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/367

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historiens de la civilisation, en suivant le chemin fait par les historiens généraux qui, parfois, reconnaissent des écrivains et des femmes comme des forces produisant les événements, comprennent cette force encore tout autrement. Ils la voient dans ce qu’on appelle la civilisation, dans l’activité intellectuelle.

Les historiens de la civilisation sont tout à fait logiques envers leurs précurseurs les historiens généraux, car, si l’on peut expliquer les événements historiques par cela que certains hommes étaient dans tels et tels rapports mutuels, alors pourquoi ne les pas expliquer par le fait que certains hommes ont écrit tel ou tel livre ? De la foule d’indices qui accompagnent chaque phénomène vivant, les historiens choisissent l’indice de l’activité intellectuelle et disent que cet indice c’est la cause. Mais, malgré tous leurs efforts pour montrer que la cause de l’événement est dans l’activité intellectuelle, ce n’est qu’en faisant de grandes concessions qu’on peut tomber d’accord qu’entre l’activité intellectuelle et le mouvement des peuples il y a quelque chose de commun. Mais en aucun cas, on ne peut admettre que c’est l’activité intellectuelle qui guide l’activité des hommes parce que tels phénomènes, comme les meurtres les plus cruels de la Révolution française qui découla de la propagande des idées sur l’égalité des hommes, et la guerre la plus funeste, et les supplices