Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/395

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ordonna aux troupes d’aller à la guerre, nous unissons en un seul ordre exprimé une série d’ordres consécutifs qui dépendent mutuellement l’un de l’autre. Napoléon ne pouvait ordonner l’invasion de la Russie et ne l’ordonna jamais ; un jour il ordonna d’écrire tel ou tel papier à Vienne ou à Berlin, ou à Pétersbourg, le lendemain tel et tel décret ou ordre à l’armée, à la flotte, à l’intendance, etc., etc. Des millions d’ordres d’où découle une série d’événements ont amené les troupes françaises en Russie.

Napoléon, pendant tout son règne, donna des ordres pour l’expédition en Angleterre, dans aucune autre de ses entreprises il ne dépensa autant d’efforts et de temps et, néanmoins, pendant tout son règne, il n’essaya jamais de réaliser son intention mais il fit une expédition en Russie avec laquelle, d’après les propos exprimés plusieurs fois, il croyait avantageux de s’allier. Cela provient de ce que les premiers ordres ne correspondent pas — les autres y correspondent — à une série d’événements.

Pour qu’un ordre soit sûrement exécuté, il faut qu’un homme exprime un ordre qui puisse être exécuté. Et savoir d’avance ce qui peut être exécuté ou non est impossible, non seulement en rapport avec un événement aussi compliqué que la campagne de Napoléon en Russie où participèrent des millions d’êtres, mais même pour l’événement le plus simple, car, dans l’exécution de l’un