Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/457

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

premiers trouvent que l’élément contemplatif du roman est très faible, que la philosophie de l’histoire est faible et superficielle, que la négation de l’influence prépondérante de la personne dans les événements n’est qu’un raisonnement mystique. Mais on dit de tout cela que le talent artistique de l’auteur est hors de discussion. Hier il y avait chez moi un dîner où assistait Tutchev, et c’est l’opinion de toute la compagnie que je communique[1]. »

Dans la même année 1868, le 9 mars, Tourgueneff écrit à son ami le poète Polonsky : « Le roman de Tolstoï est une chose admirable, mais ce qu’il y a de plus faible en lui, c’est précisément ce qui enthousiasme le public : le côté historique et la psychologie. Son histoire est une magie : des effets avec de petits détails devant les yeux. Sa psychologie est un barbotage mouvementé, capricieux, monocorde. Tout ce qui est du genre descriptif militaire est de premier ordre, et chez nous il n’y a pas un tel maître[2]. »

Enfin Botkine écrit à Fet le 9 juin 1869 :

« Ces jours ci nous avons terminé Guerre et Paix. Sauf les pages sur la franc-maçonnerie qui sont peu intéressantes et exposées d’une façon ennuyeuse, ce roman, sous tous les rapports, est admirable. Mais est-ce que Tolstoï s’arrêtera à la cinquième partie ? Ce me semble impossible. Quelle

  1. A. Fet. Souvenirs, IIe partie, p. 175.
  2. Premier recueil des lettres de Tourguenetf, p. 135.