Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/463

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Ma faute a été causée par le caractère particulier de ces deux personnes. Mais ma faute, sous ce rapport, s’est bornée à la présentation de ces deux personnages et les lecteurs reconnaîtront sans doute qu’en réalité il ne leur est arrivé rien de pareil. Tous les autres personnages sont entièrement inventés et n’ont même pas pour moi de modèles définis dans la tradition ou la réalité.

5o Mon désaccord dans la description des événements historiques avec les récits des historiens ! Il n’est pas dû au hasard, mais il est inévitable. L’historien et l’artiste, en décrivant l’époque historique, ont en vue deux objets tout à fait différents. De même que l’historien aura tort s’il cherche à présenter le personnage historique dans toute son unité, dans toute la complexité de ses rapports envers tous les côtés de la vie, de même l’artiste n’accomplira pas son devoir en présentant toujours le personnage dans son importance historique. Koutouzov ne montait pas toujours un cheval blanc armé de sa longue-vue qu’il dirigeait vers l’ennemi. Rostoptchine ne tenait pas toujours le flambeau pour incendier la maison de Voronof (ce qu’il ne fit même jamais.) L’impératrice Marie Fedorovna n’était pas toujours en manteau d’hermine, appuyée sur le code : seule l’imagination populaire se les représente tels.

L’historien, au point de vue de l’influence d’un individu pour atteindre un certain but, admet les