Aller au contenu

Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/476

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fois par le savant et que le romancier n’avait probablement jamais vus[1]. »

Mais nous sommes loin d’affirmer que tous les militaires fussent satisfaits de la façon dont Tolstoï a décrit la guerre de 1805-1812. G. L. Danilevsky cite l’épisode suivant de sa rencontre et de la conversation qu’il avait eue avec le général A.-S. Norov, un des acteurs de cette guerre. « À la fin des années 50, d’abord dans le Messager russe, ensuite en édition spéciale parut le célèbre roman du comte L.-N. Tolstoï, Guerre et Paix. Peu après, dans le Recueil militaire parut l’analyse de cette œuvre faite par A.-S. Norov, sous le titre : Guerre et paix 1805-1812, au point de vue historique et d’après les souvenirs d’un contemporain. Venu du sud à Pétersbourg en automne 1868, j’ai fait visite à A.-S. Norov qui habitait Pavlovsk et dont, quelques temps auparavant, j’étais le secrétaire. Il m’a lu la critique du roman de Tolstoï.

» Entraîné par la valeur du roman j’écoutais avec dépit les critiques de Norov et discutais avec lui chacune de ses observations. À mes objections Norov répondit une seule chose. — « Moi-même j’ai participé à la bataille de Borodino et fus le témoin oculaire des tableaux que le comte Tolstoï a dépeints si injustement, et personne ne m’en dissuadera. Témoin de la guerre nationale resté vivant, je ne

  1. F.-J. Bulgakov. Comte L. Tolstoï et la critique de ses œuvres, p. 69.