Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/51

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« C’est très bien ici, mais que fait-il ? Où l’a-t-on mis ? Est-ce qu’on lui a donné à manger ? Peut-être lui a-t-on fait du mal ? » se dit-il. Mais à la pensée qu’il avait exagéré à propos des briquets, il se sentit gêné.

« Je pourrais le demander, pensa-t-il, mais on dira : lui-même est un gamin et il s’apitoie sur un gamin. Je leur montrerai quel gamin je suis ! Sera-ce honteux de le demander ? Bah, qu’importe ! »

Et aussitôt, en rougissant et regardant avec quelque gêne les officiers qui peut-être se moqueraient de lui, il dit :

— Peut-on appeler ce garçon fait prisonnier, lui donner quelque chose à manger ?… Peut-être…

— Où est ce malheu’eux gamin ? dit Denissov qui ne trouvait aucune honte à l’appeler. Faites-le venir ici. On l’appelle Vincent Bosse. Appelez-le.

— C’est moi qui l’appellerai, fit Pétia.

— Appelle, appelle ! Pauv’e gosse ! répéta Denissov.

À ce moment, Pétia était déjà près de la porte, il se faufila parmi les officiers et s’approcha de Denissov.

— Permettez-moi de vous embrasser ! dit-il. Ah ! c’est bien ! C’est bien !

Il embrassa Denissov et courut dans la cour.

Bosse ! Vincent ! cria Pétia, en s’arrêtant dans la porte.