Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol12.djvu/60

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La forme noire de la sentinelle parut sur le pont.

Mot d’ordre ?

Dolokhov retint un peu son cheval et alla au pas.

Dites donc, le colonel Gérard est ici ? dit-il.

Mot d’ordre ? répéta la sentinelle sans répondre, en barrant le chemin.

Quand un sous-officier fait sa ronde, les sentinelles ne demandent pas le mot d’ordre !… cria Dolokhov en s’emportant tout à coup, et, avançant sur la sentinelle : — Je vous demande si le colonel est ici ?

Sans attendre la réponse de la sentinelle qui laissait le chemin libre Dolokhov alla au pas sur la montée.

Dolokhov remarquant par l’ombre un homme qui traversait la route, l’arrêta et lui demanda où étaient le colonel et les officiers. L’homme, un soldat, le sac sur l’épaule, s’arrêta et s’approcha très près du cheval de Dolokhov, qu’il caressa de la main et simplement, amicalement, il raconta que le colonel et les officiers se trouvaient tout en haut de la colline, à droite, dans la cour de la ferme (il appelait ainsi la maison seigneuriale).

Par la route, de chaque côté de laquelle on entendait des conversations françaises, Dolokhov arriva dans la cour de la maison seigneuriale.

À la porte cochère il descendit de cheval et s’approcha d’un grand bûcher autour duquel étaient assis quelques hommes qui causaient très