Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/176

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au lecteur de prêter une attention particulière à cette circonstance pour comprendre clairement ce qui suit — dans la science et dans la littérature, on rencontre toujours des attaques contre la contrainte de l’éducation de famille. (On dit : les parents dévoient leurs enfants, et il semble pourtant naturel que le père et la mère veuillent faire de leurs enfants ce qu’ils sont eux-mêmes). On en rencontre souvent contre l’éducation religieuse. (Il y a une année, je crois, toute l’Europe a gémi sur un juif élevé par force dans la religion chrétienne, et pourtant il n’y a rien de plus légitime que le désir de donner à n’importe quel enfant les moyens du salut éternel par la croyance religieuse en laquelle on a foi.) On trouve souvent des attaques contre l’éducation des fonctionnaires, des officiers. Et pourquoi le gouvernement, qui est nécessaire pour nous tous, ne formerait-il pas des serviteurs pour lui et pour nous ? Mais on n’a jamais vu d’attaques contre l’éducation sociale. La société privilégiée, avec son université, a toujours raison et bien qu’elle élève dans des idées contraires au peuple toute la masse du peuple, elle n’a de justification que l’orgueil. Pourquoi cela ? Je pense que la cause c’est que nous n’entendons pas la voix de celui qui nous attaque. Nous ne l’entendons pas parce qu’il ne parle ni dans la presse ni dans la chaire : c’est la voix puissante du peuple et il faut aussi l’écouter.

Prenez en notre temps et en notre société n’im-