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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/221

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qui aime et enseigne l’histoire de tâcher de transmettre à ses élèves ce qu’il pense et croit nécessaire pour le développement intellectuel d’un homme. On ne peut pas défendre, pendant l’étude des mathématiques ou des sciences naturelles, de transmettre les méthodes que le professeur croit les meilleures. Au contraire, cette prévision du but éducateur encourage le professeur. Mais l’élément éducateur de la science ne peut se transmettre par force. Je ne saurais attirer assez l’attention du lecteur sur cette circonstance. L’élément éducateur par excellence dans l’histoire, dans les mathématiques, ne se transmet que quand le professeur aime passionnément son sujet et le connaît bien. Dans ce cas seulement, cette passion se communique aux élèves et agit sur eux d’une façon éducatrice. Dans le cas contraire, c’est-à-dire quand, en certain lieu, il est décidé que telle ou telle science agit d’une façon éducatrice, et que les uns reçoivent la prescription d’enseigner et les autres d’apprendre, l’enseignement atteint des résultats tout à fait contraires, c’est-à-dire qu’il n’instruit pas scientifiquement mais qu’il détourne de la science. On dit que la science porte en soi l’élément éducateur (erziehliges Element). C’est à la fois vrai et faux, et en cette proposition se trouve le défaut essentiel de l’opinion paradoxale qui prévaut en matière d’éducation.

La science est la science et ne porte rien en soi,