Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/230

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Ainsi, non seulement l’opinion historique ne discute pas avec vous si la liberté est nécessaire à l’homme, si Dieu existe ou non, si l’Iliade est ou non une belle œuvre, non seulement elle ne fait rien pour atteindre la liberté que vous désirez, pour vous convaincre de l’existence de Dieu ou de la beauté de l’Iliade, elle vous montre seulement la place qu’occupe dans l’histoire votre besoin intérieur : l’amour du vrai ou du beau. L’opinion historique ne fait que constater et elle ne constate pas par la voie de la conscience, mais par la voie des conclusions historiques. Dites que vous aimez ou croyez en quelque chose, l’opinion historique vous répond : aimez et croyez, votre amour et votre foi trouveront place dans notre opinion historique. Les siècles s’écouleront et on trouvera la place que vous occupez dans l’histoire, mais sachez d’avance que ce que vous aimez n’est pas absolument beau, que ce que vous croyez n’est pas absolument vrai.

Mais amusez-vous, mes enfants, votre amour et la foi trouveront leur place et leur emploi. Il suffit d’appliquer à n’importe quelle conception le mot d’histoire et cette conception perd son importance vitale réelle, elle n’a plus qu’une importance artificielle et stérile dans une contemplation historique artificielle.

M. Markov dit : « Le but final, c’est le résultat de la vie entière, c’est la conclusion définitive de l’ac-