Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/25

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fait sentir dans toute l’histoire de la pédagogie. Elle est générale parce que tous exigent la plus grande liberté pour l’école ; elle est contradictoire parce que chacun prescrit des lois basées sur sa propre théorie et, par là, entrave la liberté.

L’expérience des écoles qui existèrent et de celles qui existent ?… Mais comment cette expérience peut-elle nous prouver l’excellence de la méthode de l’instruction obligatoire existante ? Nous ne pouvons savoir s’il n’y a pas d’autres méthodes meilleures puisque, jusqu’à présent, les écoles n’ont pas été libres. Nous voyons, il est vrai, dans l’enseignement supérieur (universités, cours publics) que l’instruction tend à devenir de plus en plus libre. Mais ce n’est qu’une hypothèse. L’instruction primaire doit peut-être rester toujours obligatoire, et l’expérience nous a-t-elle prouvé que pareilles écoles sont bonnes ?

Voyons donc ces écoles sans examiner les tableaux statistiques de l’instruction en Allemagne, et tâchons de connaître leur influence réelle sur le peuple. Voici ce que m’a montré la réalité : un père envoie son fils ou sa fille à l’école, contre son gré, en maudissant l’instruction qui le prive du travail de son enfant et en comptant les jours jusqu’à ce que l’enfant devienne schulfrei. (Cette expression suffit à montrer comment le peuple envisage les écoles.) L’enfant va à l’école avec la conviction que le seul pouvoir qu’il connaît, celui de son père, n’ap-