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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/256

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peut servir de preuve. Le principal que j’aie à dire contre un pareil argument c’est qu’en prenant, par exemple, l’émancipation, je ne vois pas que l’imprimerie ait aidé à sa solution progressive. Si le gouvernement n’avait dit en cette affaire le mot décisif, alors l’imprimerie, sans doute, la résoudrait tout à fait autrement. Nous aurions vu la plupart des organes exiger la libération sans la terre et citer des raisons paraissant solides, spirituelles ou sarcastiques. Le progrès de l’imprimerie, comme le progrès de la télégraphie électrique, c’est le monopole d’une certaine classe de la société, avantageux seulement pour les gens de cette classe qui, sous le mot progrès, comprennent leurs avantages personnels, si bien que, grâce à cela, le progrès est toujours opposé à l’avantage du peuple. J’ai du plaisir à lire des livres, des revues, par oisiveté ; je m’intéresse même à Othon roi de Grèce, j’ai du plaisir à écrire ou éditer un article et à recevoir pour cela et de l’argent et de la notoriété ; il m’est agréable de recevoir par télégramme des nouvelles de la santé de ma sœur et de connaître exactement quel prix je dois attendre de mon blé. Dans tous ces cas il n’y a rien de fâcheux au plaisir que j’en éprouve et à mon désir que les commodités de ce plaisir augmentent.

Mais il serait tout à fait inexact de penser que nos plaisirs concordent avec l’augmentation du bien-être de toute l’humanité. Il est aussi injuste