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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/295

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répondre, agita les mains et me dit seulement : « Je sais, je sais. Qui écrira ? » Nous continuâmes, et, de nouveau, du côté des enfants, le même sentiment de la vérité artistique, de la mesure, de la poésie.

Au milieu de la leçon, je fus forcé de les quitter. Ils continuèrent sans moi, et écrivirent deux pages aussi bien, aussi impressionnantes, aussi sûres que les deux premières. Ces pages étaient un peu moins riches de détails, et ces détails n’étaient pas toujours bien placés, il y avait des répétitions. Cela venait évidemment de ce que le mécanisme de l’écriture leur faisait une difficulté. Le troisième jour ce fut la même chose. Pendant ces leçons d’autres gamins s’adjoignaient souvent à eux et, connaissant le ton et le sujet du récit, parfois ils soufflaient et ajoutaient des traits très sûrs. Siomka plusieurs fois abandonna et reprit le travail. Seul Fedka, du commencement à la fin, écrivit la nouvelle et censura tous les changements proposés. On ne pouvait déjà ni émettre le doute, ni penser que ce succès fût dû au hasard. Évidemment nous avions eu la chance de trouver ce procédé plus naturel, plus coulant que tous les précédents, mais tout cela était trop extraordinaire, et je ne pouvais en croire mes yeux. Il fallait une circonstance particulière pour détruire tous mes doutes. Je devais m’absenter pour quelques jours et la nouvelle resta inachevée. Le manuscrit, trois