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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/33

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fait plus tache dans l’école, il est coulé dans le moule, et le maître commence à être content de lui. Alors se produit ce phénomène fréquent : que l’enfant le plus sot devient le meilleur élève, et l’enfant le plus intelligent, le pire. C’est un fait assez significatif pour qu’on y réfléchisse et tâche de l’expliquer. Il me semble qu’un pareil fait est la preuve évidente du mensonge fondamental de l’école obligatoire. C’est peu encore, sauf ce dommage négatif qui consiste à éloigner les enfants de cette instruction inconsciente qu’ils reçoivent à la maison, au travail, dans la rue ; — ces écoles sont nuisibles au corps qui, dans le bas âge, est si inséparable de l’âme. Ce dommage est particulièrement important à cause de la monotonie de l’éducation scolaire, celle-ci même serait-elle bonne. Un agriculteur ne peut remplacer par rien ces conditions du travail de la vie des champs et ces conversations avec ceux qui l’entourent. De même pour un artisan et, en général, pour un citadin. Ce n’est pas par hasard, mais intentionnellement que la nature a entouré l’agriculteur des conditions de l’agriculture, le citadin des conditions de la ville. Ces conditions sont instructives au plus haut degré et ce n’est que dans ces conditions que peuvent se former l’un et l’autre. Et l’école ! Pour première condition de son enseignement elle pose l’éloignement de ces conditions. Pour l’école c’est peu d’arracher à la vie, six heures par jour, les en-