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Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/356

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lâcha pas. Dès que je me taisais, Fedka me priait si instamment et d’une voix si émue de continuer, qu’il était impossible de ne pas accéder à son désir. — « Hé, toi, ne te fourre pas sous les pieds ! » dit-il une fois avec colère à Pronka qui courait en avant. Il était excité jusqu’à la cruauté. Il se sentait si bien en me tenant par les doigts que personne ne devait oser interrompre son plaisir. — « Hé bien, encore, encore ! Voilà, c’est bien ! » Nous avions traversé le bois et nous trouvions à l’autre extrémité du village. — « Allons encore ! » supplièrent-ils tous, quand nous aperçûmes les feux du village. Nous marchions en silence, enfonçant de temps en temps nos pieds dans le sentier mal battu. L’obscurité blanche nous paraissait vaciller devant nos yeux. Les nuages étaient si bas qu’il semblait qu’on les poussait sur nous. On ne voyait point de feux dans ce blanc où résonnait le bruit de nos pieds dans la neige. Le vent tourbillonnait sur la cime des trembles. J’achevai mon récit sur ce fait que l’Abrek entouré se mit à chanter, et, ensuite se jeta de lui-même sur le poignard. Tous se turent. — « Pourquoi a-t-il chanté quand on l’a entouré ? » demanda Siomka. — « Mais on t’a donc dit qu’il s’apprêtait à mourir », répondit tristement Fedka. — « Je crois que c’est la prière qu’il a chanté ! », ajouta Pronka. Tous y consentirent. Tout à coup, Fedka s’arrêta : — « Et comment avez-vous dit qu’on a tué votre tante ? » demanda-t-il. Il n’avait pas en-