Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/402

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élève sort derrière la porte, et chacun de ceux qui restent compose une phrase contenant ce mot : Celui qui est sorti doit, en revenant, le deviner.

Tous ces exercices : compositions de phrases avec des mots donnés, vérification et devinette de mots, ont un même but : convaincre les élèves que la parole c’est la parole avec ses lois immuables, ses changements, ses terminaisons liées par des rapports mutuels ; leur donner cette conviction qui, de longtemps, ne leur vient pas en tête, et qu’il est nécessaire de leur inculquer avant la grammaire. Tous ces exercices plaisent aux élèves. Les exercices de grammaire les ennuient. Il est étrange et curieux que la grammaire soit ennuyeuse, bien qu’il n’y ait rien de plus facile. Dès que vous cessez d’apprendre d’après le livre, en commençant par les définitions, un enfant de six ans, au bout d’une demi-heure, commence à conjuguer, à décliner, à reconnaître les genres, le nombre, les temps, les sujets, les compléments, et vous sentez qu’il sait tout cela aussi bien que vous-même. (Dans notre province on n’emploie jamais le neutre, et la grammaire n’y peut rien changer. Depuis trois ans, les plus vieux élèves savent toutes les règles de la déclinaison et de la terminaison des genres, et cependant, ils n’emploient pas le neutre.) Je me demande : Que dois-je leur apprendre, puisqu’ils savent tout cela aussi bien que moi ? Je demande à l’élève quel sera le génitif