Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/438

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histoires abrégées sont apprises par cœur. C’est presque des histoires dénuées de sens ; elles détruisent la possibilité de comprendre la poésie de la Bible. J’ai remarqué plusieurs fois que leur forme mauvaise, incompréhensible, empêchait de voir le sens profond de la Bible. Les paroles incompréhensibles, comme « adolescent », « l’abîme », etc., entrent dans la mémoire avec les faits, attirent l’attention des élèves par leur nouveauté et sont les points de repère qui les guident dans leur récitation.

Très souvent, l’élève ne parle que pour employer le mot qui lui plaît. J’ai aussi remarqué plusieurs fois que les élèves des autres écoles ressentaient moins, parfois même pas du tout, le charme des récits bibliques, anéanti pour eux par l’obligation d’apprendre par cœur et par les procédés grossiers du maître. Ces élèves gâtaient même les élèves plus jeunes et leurs frères, qui s’appropriaient la façon de réciter qu’imposent ces histoires saintes en abrégé. Par ces livres nuisibles, des récits banals ont passé dans le peuple, et souvent, les élèves apportent avec eux, de la maison, des légendes anciennes sur la création du monde, d’Adam et du beau Joseph. Ces élèves n’éprouvent plus déjà ce qu’éprouvent les nouveaux qui écoutent la Bible, qui saisissent chaque mot avec un battement de cœur et qui pensent qu’enfin toute la sagesse du monde leur va être révélée. J’ai enseigné