Page:Tolstoï - Œuvres complètes, vol13.djvu/499

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Nous y arrivâmes bien vite et chacun chantait ce qu’il voulait : ils essayaient le soprano et passaient au ténor, du ténor à l’alto, de sorte que les meilleurs élèves ont appris tout l’accord do mi sol et quelques-uns les trois accords. Ils prononçaient les notes en français, les uns chantant mi fa fa mi, les autres do ré ré do, etc. — « Hein ! comme ça va bien, Léon Nikolaïevitch ! disaient-ils, ça tremble même dans l’oreille ! Eh bien ! encore, encore ! » Ils chantaient ces accords à l’école, dans la cour, en allant à la maison, jusque tard dans la nuit et nous ne pouvions nous en détacher ni nous réjouir assez de nos succès.

Le lendemain, nous avons essayé la gamme et les mieux doués l’ont faite toute. Les pires pouvaient à peine arriver à la tierce. J’avais écrit les notes en clé de sol, la plus symétrique, et les avais nommées en français. Les six leçons suivantes furent aussi gaies. Nous chantâmes de nouveaux accords, les accords mineurs, et des passages aux accords majeurs : « Seigneur Dieu, fais-nous grâce, » « Gloire au père et au fils… » et une chanson à trois voix avec le piano. Cela occupait une moitié de la leçon, l’autre était consacrée à la gamme et aux exercices qu’inventaient les élèves eux-mêmes : do mi ré fa mi sol, ou : do ré ré mi mi fa, ou : do mi ré do ré fa mi ré, etc.

Je remarquai bientôt que les notes sur la portée ne sont pas très claires et jugeai nécessaire de les